Trois romans

Nos formateurs ont du talent 🤩

Trois œuvres littéraires sur des thématiques différentes pour notre formateur Claude Amirault…

Mots à maux

« Soucieux de mieux cerner sa personnalité, je lui posai la question de savoir s’il avait déjà eu par le passé des ennuis avec la justice. Il me répondit que oui, en précisant qu’il y avait longtemps et que :
— Vous avez peut-être entendu parler de moi dans la presse à l’époque, on m’avait surnommé « le muet ».
Et de m’expliquer en détail que :
— Je me présentais dans une banque, je faisais la queue au guichet et quand c’était à mon tour je présentais un petit papier au caissier sur lequel j’avais écrit : « Ceci est un hold-up, veuillez me remettre le contenu de la caisse, merci » !
L’air déterminé mais sans mot dire, d’où le surnom « le muet », il opérait à visage découvert et le pire est que ça marchait ! Il repartait comme il était venu, à pied, avec l’argent de la caisse qu’on venait de lui remettre. »

La place

« La place figurait un puzzle vivant dont les pièces n’étaient pas nécessairement assemblées, entre lesquelles déambulaient toutes sortes de gens à la recherche d’objets introuvables ailleurs et réservant à chaque pas son lot de surprises étonnantes. » Ce récit porte sur la vie et la disparition de la place Mériadeck à Bordeaux, haut lieu de l’activité cosmopolite du quartier, incarnée par des occupants plus insolites les uns que les autres : brocanteurs, sans-abris, prostituées, et immigrés de diverses provenances, le tout constituant une faune bigarrée, colorée et vivante. C’est sur cette place mythique qu’est né l’enfant à la fin des années quarante, témoin privilégié durant une vingtaine d’années de son atmosphère si particulière, avant d’assister impuissant à son agonie et à sa démolition.

Les mocassins verts

« Visiblement ravie de voir son père parmi eux, Agathe l’embrassa tendrement avant de passer à table. Pour le bonheur de chacun, la famille était enfin réunie autour d’un dîner parfaitement préparé par la mère, dont les talents culinaires reconnus de tous faisaient sa renommée.
—  Que nous as-tu concocté pour ce soir ? s’informa Bastien sur le ton de l’inquiétude fictive, laquelle masquait mal la confiance sans réserve qu’il lui accordait.
—  Des topinambours à la moutarde ! répondit Claire de façon extrêmement sérieuse.
—  Des quoi ? s’affola Jules qui n’avait jamais entendu parler de topinambours et dont le seul nom suffisait à le tracasser par avance.
—  Mais non mon chéri, c’est pour rigoler ! le rassura sa mère. Et déposant la marmite en fonte rouge sur le dessous-de-plat au centre de la table, elle annonça théâtrale : ce soir je vous ai fait… une surprise ! »